Jérôme GARCIN
"Le voyant"

« Je ne vous ai pas dit que j’avais vos yeux. J’ai dit que j’en avais d’autres » Jacques Lusseyran

«Le visage en sang, Jacques hurle : "Mes yeux! Où sont mes yeux?" Il vient de les perdre à jamais. En ce jour d'azur, de lilas et de muguet, il entre dans l'obscurité où seuls, désormais, les parfums, les sons et les formes auront des couleurs.»

Né en 1924, aveugle à huit ans, résistant à dix-sept, membre du mouvement Défense de la France, Jacques Lusseyran est arrêté en 1943 par la Gestapo, incarcéré à Fresnes puis déporté à Buchenwald. Libéré après un an et demi de captivité, il écrit Et la lumière fut et part enseigner la littérature aux États-Unis, où il devient «The Blind Hero of the French Resistance». Il meurt, en 1971, dans un accident de voiture. Il avait quarante-sept ans.

Vingt ans après Pour Jean Prévost (prix Médicis essai 1994), Jérôme Garcin fait le portrait d'un autre écrivain-résistant que la France a négligé et que l'Histoire a oublié.

Le mot de Jérôme Garcin sur notre Livre d'Or

L’enseignement qu’il nous laisse va bien au-delà de l’expérience de la Résistance et de la déportation. C’est d’abord une immense leçon d’espoir pour ceux qui ont perdu la vue. Cet homme a écrit – au sens propre, car il écrivait sur une machine mécanique et non sur une machine en braille, comme on pourrait le croire –, il a écrit pour expliquer que perdre la vue pouvait aussi donner la chance de voir autrement, différemment, profondément. Je me rends compte aussi qu’année après année, on rend hommage aux jeunes résistants, aux jeunes fusillés, alors n’oublions pas celui qui a été à la tête d’un des premiers grands mouvements de Résistance. Non seulement l’oubli de Lusseyran n’est pas admissible, mais c’est une erreur, car je considère qu’à travers sa vie brève mais foudroyante et ses livres, il a toujours beaucoup à nous dire aujourd’hui, en 2015.

La communication aux Amis de livres en Scène

Eté 2003, un livre inoubliable "Théâtre Intime" lu sur une plage Corse à l’ombre d’une paillotte qui n’avait pas encore reçu l’ordre de brûler.

Retour Paris, en septembre : Exposition ˝Gérard Philippe˝ à La Bibliothèque Nationale située, en ce temps là, rue de Richelieu.

Communication téléphonique avec le jeune Directeur littéraire du "Nouvel Obs" et Animateur du Masque et la Plume : Est-il possible d’organiser une visite de l’Exposition sur votre beau-père, puis un dîner en votre compagnie, place de la Comédie Française ? Pas de problème pour l’Auteur. Aussitôt dit, aussitôt fait. Telles furent les conditions authentiques de notre première rencontre avec Jérôme GARCIN

Son récent passage dans une émission médicale de la cinquième chaîne nous a ouvert les yeux sur son dernier roman. L’Auteur a une fois encore répondu spontanément à notre invitation

Le mardi 14 avril 2015 à 19H30

Restaurant DROUANT
16-18, place Gaillon 75002 Paris
Métro: Opéra - 4 Septembre
Service de voiturier


Le Voyant : Né en 1924, aveugle à huit ans, résistant à dix-sept, membre du mouvement Défense de la France, Jacques Lusseyran est arrêté en 1943 par la Gestapo, incarcéré à Fresnes puis déporté à Buchenwald. Libéré après un an et demi de captivité, il écrit "Et la lumière fut" et part enseigner la littérature aux États-Unis, où il devient "The Blind Hero of the French Resistance". Il meurt, en 1971, dans un accident de voiture. Il avait quarante-sept ans.

Nous sommes certains que nous nous retrouverons nombreux pour cette rencontre.

Le menu

La dénomination des Tables

Juvardeil

Cela se passait aux vacances de Pâques de 1932 à Juvardeil, dans ce petit village d'Anjou qu'habitaient mes grands-parents maternels. Nous étions sur le point de repartir pour Paris…/

Donc la carriole attendait, riant de tous ses grelots, mais moi j'étais resté dans le jardin, à l'angle de la grange, seul, et je pleurais. Il ne s'agit pas de larmes qu'on m'ait racontées plus tard. Il s'agit de larmes que je ressens encore aujourd'hui quand je pense à elles. Je pleurais, parce que c'était la dernière fois que je voyais le jardin. Jacques Lusseyran « Et la lumière Fût »


Défense de la France

Fondateur des Volontaires de la Liberté, j’allais utiliser le droit que ce fait me donnait : j’allais demander à tous mes hommes d`entrer à Défense de la France. Sous huit jours, je connaîtrais tous ceux qui refuseraient de me suivre - par peur ou par complication d'esprit -, je romprais avec ceux-là, quoi qu`il pût en coûter…/

…/Nous n'avions peut-être pas réussi à leur faire faire grand-chose depuis deux ans, mais nous avions aiguisé leur moral jusqu'au point de rupture. Nous les tenions en main. Nous répondions d'eux comme de nous-mêmes. Jacques Lusseyran « Et la lumière Fût »


BUCHENWALD

Il fallait vivre dans le présent, consommer chaque seconde jusqu’au bout, s’en rassasier…/S'accrocher à l’instant qui passe. Bloquer le mécanisme des souvenirs et des espoirs. Fait extraordinaire : aucune angoisse ne résistait .longtemps à ce traitement. Enlevez à la souffrance sa double caisse de résonance - la mémoire et la peur -, la souffrance subsiste, mais elle est déjà à demi sauvée. Donc, se jeter dans chaque minute comme dans la seule minute réelle, et travailler, travailler beaucoup.
Jacques Lusseyran « Et la lumière Fût »

Le monde commence aujourd’hui

C’est un homme neuf qui habite les Etats-Unis. Ajouté à la cécité, l’exil est un royaume qui le stimule plus qu’il ne l’inquiète. «Je suis parisien, parisien des maigres jardins publics, du Luxembourg et du Champ-de-Mars, et me voilà jeté sur le flanc des montagnes très belles et barbares, tout habillées de vraies forêts à perte de souffle. Cette fois, c'est l’air et le silence qui me font parler parce qu'ils ont, ici, la plénitude d’un chant. ›> Jérôme Garcin - Le voyant