Jacques Coeur

Le Château de La Verrerie


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LE GRAND COEUR

Dans la chaleur d'une île grecque, un homme se cache pour échapper à ses poursuivants. Il évoque sa vie hors du commun et tente de démêler l'écheveau de son destin.

Fils d'un modeste pelletier, il est devenu l'homme le plus riche de France. Il a permis à Charles VII de terminer la guerre de Cent Ans. Il a changé le regard sur l'Orient. Avec lui, l'Europe est passée du temps des croisades à celui de l'échange. Comme son palais à Bourges, château médiéval d'un côté et palais Renaissance de l'autre, c'est un être à deux faces. Aussi familier des rois et du pape que des plus humbles maisons, il a voyagé à travers tout le monde connu.

Au faîte de sa gloire, il a vécu la chute, le dénuement, la torture avant de retrouver la liberté et la fortune.

Parmi tous les attachements de sa vie, le plus bouleversant fut celui qui le lia à Agnès Sorel, la Dame de Beauté, première favorite royale de l'Histoire de France, disparue à vingt-huit ans.

Son nom est Jacques Cœur.

Il faut tout oublier de ce que l'on sait sur le Moyen Âge et plonger dans la fraîcheur de ce livre. Il a la puissance d'un roman picaresque, la précision d'une biographie et le charme mélancolique des confessions.


UNE MORALE POUR LES AIGLES, UNE AUTRE POUR LES PIGEONS.

En plus de trente-cinq ans d’une carrière judiciaire où il s’est souvent heurté à l’ordre établi, Éric de Montgolfier a eu tout le loisir de débusquer les mensonges des prédateurs de la démocratie qui tentent de nous courber sous leurs exigences de morale alors qu’eux-mêmes ne s’y plient pas. On se sentirait pigeon à moins…

Pressions du Pouvoir sur les magistrats, dossiers curieusement classés sans suite ou grâces surprenantes, traitements différents des affaires fiscales selon que vous êtes puissant ou misérable, influence ambiguë de la presse ligotée par ses annonceurs et ses connivences avec le monde politique, indélicatesses de certains avocats, enrichissement illégal de quelques notaires, aberrances de la législation sur les femmes, dévalorisation du travail dans les textes : oui, il s’agit de Justice ! Mais pas seulement de l’institution. Nous sommes tous concernés. Et parce que ce livre talentueux dont les anecdotes vécues soutiennent le discours respire l’intégrité, il donne à chacun de nous l’envie de s’y soumettre, pour être digne de l’exiger. Ceux qui seraient spontanément tentés d’adopter le plumage du pigeon comme une justification de leur passivité doivent se rappeler sans cesse que, plus qu’un droit, la citoyenneté est un devoir qui ne souffre pas de compromis.


La communication aux Amis de Livres en Scène

Dans le cadre historique du Château de la Verrerie, Béraud de Vogüé, Président de la Route Jacques Cœur et l’Association Livres en Scène proposent un débat au sujet de Jacques Cœur, l'Argentier du roi Charles VII. Cette controverse sera argumentée par deux protagonistes d’exception en la personne de l’Ecrivain – Académicien, Jean-Christophe Rufin et du Magistrat, Eric de Montgolfier, tous les deux personnellement attachés à la ville de Bourges et à son histoire.

Effectivement deux versions s’affrontent, l’une sans doute plus romanesque qui met l’accent sur le précurseur, le chef d’entreprise ouvrant la France aux bienfaits du commerce international, l’autre factuelle, qui ne veut pas oublier le revers de la médaille, serait-ce au détriment de la légende.

En sa qualité d’auteur à succès du roman historique « Le Grand Cœur » paru chez Gallimard, Jean-Christophe Rufin, originaire de Bourges, a remis dans la lumière, pour notre génération, l'Argentier qui a marqué de son empreinte l’Histoire de France.

Eric de Montgolfier, l’ex Procureur de la République de Bourges pose un regard inlassablement dubitatif sur l’authenticité de la probité des hommes d’argent liés au pouvoir. Dans ce droit fil, il est l’Auteur du livre récent « Une morale pour les Aigles et une autre pour les Pigeons » édité chez Michel Lafon.

Cette belle rencontre est initiée par notre ami Béraud de Vogüé, propriétaire du château de La Verrerie. Il avait rencontré les deux Auteurs lors des soirées Livres en Scène à Paris. Chacun assure son transport et le covoiturage est encouragé. Au programme :

Samedi 3 octobre :

au Château de La Verrerie - 18700 OIZON

- 17h, visite théâtralisée du château

- 18h30, débat puis dîner avec les Auteurs

Hébergement possible au château www.chateaudelaverrerie.com ou dans des chambres d’Hôtes proches du château.

Dimanche 4 octobre

10 h30 : Visite du Palais Jacques Cœur à Bourges (45 km), déjeuner à Bourges au restaurant "Le Bourbonnoux" ; après midi, visite de la cathédrale.

A découvrir derrière l'affiche le reportage photo de ce beau week end Berrichon.

Les photos

Le mot d'Eric de Montgolfier sur notre Livre d'Or

Le mot de Jean-Christophe Rufin sur notre Livre d'Or

Le livre et les mots des Amis présents.


Le Cercle Amical du BERRY

“A coeur vaillant, rien d’impossible.” Jacques Coeur

Ce soir là, nous avons eu le privilège de compter parmi nous Alain Dorison, secrétaire général du Cercle Amical du Berry - Les Berrichons de Paris et Marie-Thérèse Drouillot, chargée de la communication de cette association, qui a écrit un article remarquable pour la revue "La Gazette Berrichonne".

Nous remercions l'auteure et le Pr Jean-Claude Miskovsky, Directeur de la Gazette Berrichonne de bien avoir voulu nous donner leur accord pour reproduire, ci-dessous, cet article.

3 octobre 2015 au Château de La Verrerie

CONFERENCE/DEBAT

JACQUES CŒUR Grand Cœur ou Calculateur ?

Par Jean- Christophe RUFIN et Eric de MONTGOLFIER

Le Cercle amical du Berry et La Gazette Berrichonne remercient vivement M. Béraud de Vogüé pour son invitation à La Verrerie où a eu lieu cette controverse passionnante, organisée avec le concours de « Livres en Scène », et ce devant une très, très nombreuse assistance. Deux auteurs, deux personnalités très connues, toutes deux très liées au Berry, se sont tour à tour exprimées. Ce sont leur point de vue bien différent que nous voulons vous présenter

Ce débat débute d’une façon fort lyrique car évoquant Jacques Cœur Jean-Christophe Rufin ne craint pas de parler d’un ami, d’un ami d’enfance qu’il aurait toujours côtoyé, de quelqu’un qui lui serait proche. Nés non loin l’un de l’autre, à Bourges, ils ont tous les deux aimé partir à la découverte du monde.

Alors qui est Jacques Coeur ? Un enfant, un adolescent, et enfin un jeune homme qui manque d’assurance et n’a pas une réelle assise sociale. Jusqu’à 30 ans il ne fait rien, végète. Puis il se marie avec Macé de Léodepart. Ce mariage va lui permettre de gravir un échelon dans la société et trouver grâce à son beau-père une aide qui se révèlera précieuse dans son ascension.

Il a toujours été attiré par l’Orient, le commerce, l’aventure. Un univers nouveau s’offre à lui : c’est la découverte de mille merveilles qu’il pourrait exporter. Nouer des contacts, créer des réseaux, construire sa propre flotte pour aller et venir, acheter, vendre, monnayer. Voilà de quoi l’occuper.

Est-ce par manque de prudence qu’il se lie avec un personnage peu recommandable, monnayeur, ce qui le conduira en prison ? Mais c’est aussi une expérience qui lui servira plus tard lorsque Charles VII, toujours en recherche d’argent, l’appellera auprès de son Conseil. Jacques Cœur accepte car il veut s’appuyer sur le pouvoir royal pour asseoir son influence. Il aura ainsi accès à la perception des taxes et il collectera très efficacement des impôts en Languedoc, alors propriété du roi de France.

Argentier du roi, il acquiert des articles de luxe, un luxe très apprécié d’Agnès Sorel, la favorite du roi. En dehors de ce commerce, des liens d’amitié se créent avec Agnès. Du reste les amis de celle-ci sont ses amis et vice versa. Et à l’instar de Jacques Cœur, nous sentons que Jean-Christophe Rufin est lui aussi amoureux de la favorite, belle, intelligente. Leur amitié ne se démentira pas.

Mais Jacques Cœur a des débiteurs, il fait des envieux et c’est la disgrâce : prison, procès, c’est son lot.

Que penser de tout cela ? Nous avons affaire à un homme très organisé, qui a su prendre des risques, amener des produits nouveaux en France, les faire connaître et aimer et c’est là qu’il semble avoir été le précurseur de la Renaissance, comme le souligne Jean-Christophe Rufin. Au centre de bien des influences, il a su heureusement créer des liens avec de hauts personnages qui l’aideront dans son malheur, lorsqu’il sera jeté en prison sur ordre du roi.

Dès qu’Eric de Montgolfier prend la parole, le ton est différent et nous sentons d’emblée que c’est le juge qui parle.

Lui aussi rappelle le milieu d’origine de Jacques Cœur, assez modeste, la pelleterie, et ses débuts très médiocres. Il insiste sur son mariage car c’est auprès de son beau-père, prévôt de Bourges, qu’il va découvrir une activité qui aura une importance fondamentale pour la suite de sa vie : le commerce de l’argent et l’art du change. Et accompagnant celui-ci chez des seigneurs, il constate les différences de richesses entre les hommes.

Le désir de s’enrichir devint alors une constante chez Jacques Cœur. Et comme il a le génie du commerce, de nombreuses occasions lui sont offertes. Nous avons déjà évoqué une parenthèse malheureuse dans sa vie : sa collaboration avec Ravand, monnayeur, fondeur, mais tricheur, ce qui lui vaut de faire un premier séjour en prison.

Eric de Montgolfier tient à souligner que lorsque Jacques Cœur deviendra l’argentier du roi, il n’en sera pas pour autant son ministre des Finances. Il est le fournisseur du Roi et son rôle est de passer des commandes et de satisfaire les besoins du Roi et de sa Cour. Son vaste réseau couvrant l’Europe et l’Orient est un atout pour ses affaires. Il acquiert une fortune considérable gagnée en grande partie en profitant du change. Il possède même des mines d’argent.

Mais il faut savoir que dans les affaires, Jacques Coeur ne s’oublie jamais, et ce aux dépens de ses partenaires. Il trompe le roi, l’escroque même : c’est un intermédiaire qui se sert largement. Il le fait aussi lors de la perception des impôts, notamment ceux sur le sel.

Malheureusement pour Jacques Cœur, les traces de cet enrichissement, souvent mal acquis, se retrouvent dans les actes de ses procès, ainsi qu’Eric de Montgolfier a pu le constater.

Un épisode peu sympathique doit être également signalé : un jeune Maure avait trouvé refuge sur une des ses galées. Sujet du Sultan d’Egypte celui-ci exigea son retour. Le patron de la galée eut beau lui signaler que le jeune homme serait certainement mis à mort, Jacques Cœur ne fléchit pas ne voulant pas mécontenter celui qui favorisait ses affaires.

Côté politique, les rapports de Charles VII et de son fils sont plus que tendus. Ce qui n’empêche pas, Jacques Cœur de ménager les deux parties, afin de préserver ses intérêts, un rôle assez difficile et qui montre son habileté, pour ne pas dire sa duplicité.

Voilà bien des points négatifs.

Alors qui est vraiment Jacques Cœur ?

Novateur, entreprenant, infatigable ? Assurément.

Parti de presque rien, il a voulu faire fortune, asseoir sa destinée en fournissant les grands personnages, leur prêtant de l’argent, bref se rendant indispensable, La fin de sa vie fut assez cahotante, en fait bien triste. Et c’est là où nous ne pouvons que dire, comme Eric de Montgolfier, que l’argent fut son mauvais génie.

Jean-Christophe Rufin répond que tout être humain peut avoir des faiblesses. Cela est arrivé à bien des grands hommes. Il ne conteste pas les charges portées par Eric de Montgolfier. Mais doit-on laisser aux seuls juges le monopole de la justice ? Un autre regard, une autre vision s’impose. Nul doute pour lui que Jacques Cœur a contribué d’une certaine façon à l’enrichissement de la France, l’a ouverte sur le monde et a rapporté de ses voyages un raffinement, un art de vivre qui lui manquait.

Il est évident que cette réussite a nécessité des moyens considérables. Mais si Jacques Cœur était fort riche, en fait il n’en a guère profité…pour preuve son magnifique Palais de Bourges qui le vit peu souvent.

Marie-Thérèse Drouillot